Des nouvelles acquisitions d’Émile Gallé restaurées

par Lucie Poinsignon, chargée de communication des musées

Depuis une dizaine d’années, différentes pièces d’Émile Gallé sont venues enrichir les collections du musée de l’École de Nancy, démontrant une nouvelle fois la pluralité de ses créations. En cette année 2024 commémorant les 120 ans de la disparition de ce meneur incontournable de l’École de Nancy, le musée se devait de lui rendre hommage. Entre autres activités parallèles (visites flash, Journées européennes du patrimoine, nouvelles œuvres intégrées aux collections permanentes), à partir du 4 septembre, une exposition lui sera consacrée, présentant les dernières acquisitions en verrerie et faïence.

Juliette Vignier-Dupin, restauratrice spécialisée en verrerie, est intervenue cet été sur deux vases acquis en 2022 et 2023, qui feront partie de l’exposition.

Anatomie d’une chute

Le premier est un vase à décor persan, réalisé entre 1884 et 1889. Comme souvent hélas, une chute malencontreuse du vase a entraîné de nombreuses cassures et quelques pertes. Conscients de la valeur de l’objet et/ou par simple attachement sentimental, les anciens propriétaires ont recollé tant bien que mal les morceaux retrouvés. Après une sorte d’autopsie, la restauratrice constate que les fragments recollés sont décalés, engendrant ce qu’on appelle « un effet miroir » au niveau des cassures, et que les lacunes témoignent de la perte de fragments.

La première chose à faire : on décolle tout et on repart à zéro !

Pour ce faire, la solution sans faille : l’acétone ! Du papier essuie-tout imbibé de ce solvant est déposé au cœur du vase. L’acétone s’évaporant très rapidement, le vase est ensuite emmailloté dans du film plastique et on laisse agir… Après coup, la restauratrice peut détacher les différents éléments. L’opération réclame une extrême délicatesse, similaire à l’arrachage d’une dent de lait tremblotante !

On recolle proprement

Après avoir assemblé les fragments, Juliette Vignier-Dupin les recolle par infiltration. Autrement dit la colle très fluide n’est répandue que d’un seul côté, pour que l’air puisse passer et que l’adhésif se répartisse sur toute la surface à traiter. Comme une marée, la colle se déploie peu à peu et la cassure disparaît.

On comble les lacunes

Des suites de la chute, des morceaux ont disparu, sans doute en minuscules débris. Il s’agit donc de faire illusion et de remplir les espaces vides avec de la résine de coulée mélangée avec un catalyseur, tout en respectant l’obligation d’une restauration réversible. Une cire dentaire, souple et modulable, est temporairement déposée en sandwich autour de la lacune, pour y déposer le mélange qui, une fois sec, donnera l’illusion d’une pièce en verre, comblant l’ancien trou. Pour terminer, avec quelques coups de pinceaux d’aquarelle, l’illusion est parfaite, offrant ainsi un aspect mat et fumé, plus en accord avec l’original.

Fracture nette

Des suites de la chute, des morceaux ont disparu, sans doute en minuscules débris. Il s’agit donc de faire illusion et de remplir les espaces vides avec de la résine de coulée mélangée avec un catalyseur, tout en respectant l’obligation d’une restauration réversible. Une cire dentaire, souple et modulable, est temporairement déposée en sandwich autour de la lacune, pour y déposer le mélange qui, une fois sec, donnera l’illusion d’une pièce en verre, comblant l’ancien trou. Pour terminer, avec quelques coups de pinceaux d’aquarelle, l’illusion est parfaite, offrant ainsi un aspect mat et fumé, plus en accord avec l’original.

La dernière chose à ne pas louper !

Pour terminer, Juliette Vignier-Dupin dépose sous le pied de chaque vase une couche de vernis (protégeant le verre) sur laquelle elle note à l’encre de chine le numéro d’inventaire, et recouvre ensuite d’une seconde couche de vernis (protégeant le numéro d’inventaire). Le tout étant également réversible.

Les deux pièces sont désormais fin prêtes pour enrichir les vitrines du musée !