Bicornes, képis, shakos et autres coiffes militaires sont passés entre les mains minutieuses du service régie du Musée lorrain. Ce chantier, mené sur trois semaines, s’est tenu avec l’aide de trois étudiants de l’Université de Lorraine et a abouti au transfert de cette collection.
Un chantier qui dé... coiffe !
26/11/2024
Répétition générale avant le défilé
En amont du chantier et afin d’initier les stagiaires aux gestes de conservation, une demi-journée de formation a été organisée avec Nathalie Schluck, restauratrice textile. Cette rencontre a permis aux étudiants de découvrir un des métiers de la restauration, domaine complémentaire à la conservation muséale. Définition du matériel, démonstration des gestes et identification des fragilités ont été évoqués afin de réaliser au mieux les opérations de dépoussiérage et de conditionnement. Il a aussi été l’occasion de rappeler des précis de déontologie et de vocabulaire tels que « rapiéçage » et « ravaudage ». L’identification de moisissures et leur traitement, en direct, par la restauratrice ont été de belles démonstrations pour nos étudiants.
Dépoussiérage des feutres, des crins, des cuirs et des plumes n’avait plus de secret pour l’équipe… le chantier a donc pu commencer !
Opération coup de plumet : et que ça brille !
Plusieurs phases ont été nécessaires au bon déroulé des opérations :
Un travail de récolement a d’abord été réalisé pour identifier les coiffes. Cette mission a pour objectif de vérifier la présence, l’état et la conformité de l’inscription de l’objet à l’inventaire général du musée. Il a permis de faire un constat d’état de chacune des pièces : bon, moyen, mauvais, complet / incomplet.
Ce pointage réalisé, les coiffes ont fait l’objet d’un dépoussiérage précautionneux. Avant toute manipulation, les objets ont été scrupuleusement regardés afin d’adapter au mieux la méthode et éviter de dégrader les pièces les plus délicates. Impossible d’être frivoles avec des coiffes parfois très fragiles ! Pinceaux en poils de chèvre et aspirateurs de conservation ont permis de redonner éclat et panache à ces coiffes militaires.
Dépoussiéré, l’ensemble a été marqué. Comme le rappelle l’obligation légale, tout objet doit porter un numéro d’inventaire apposé directement ou indirectement. Des étiquettes manuscrites ont donc été fixées sur les coiffes. Les anciennes ont quant à elles été changées afin d’adapter les matériaux de marquages aux objets.
Arrive ensuite l’étape de conditionnement et de mise en caisse. Tamponnées dans des bacs avec du papier de soie, les coiffes ont été transférées dans la réserve externalisée du Musée lorrain.
En rang et bien peignés !
Arrivées en réserve, les caisses contenant les coiffes sont passées en anoxie afin de supprimer toute infestation éventuelle. Après un mois dans une poche hermétique, les 130 coiffes et 14 plumets ont pris place dans leur nouvel espace.
L’installation de collections dans une réserve nécessite toujours une vision à long terme et une réflexion sur son organisation générale. A l’occasion de ce transfert, la cellule militaria du musée a été réorganisée et les coiffes rangées par typologies. Ce choix permet une meilleure lisibilité des collections et une localisation visuelle des pièces plus aisée. Cette réorganisation a nécessité de compléter l’adressage par la création de nouvelles étagères… désormais bien remplies ! Ce nouveau lieu de stockage offre ainsi de meilleures conditions de conservation pour cette collection aux matériaux variés et fragiles.
Petit lexique de régie
Récolement: opération de vérification de l’état, de la localisation et de la présence des objets d'une collection. L'objectif est de s'assurer que tout est correctement enregistré et conservé.
Anoxie: opération visant à priver d'oxygène pendant un mois un objet pour détruire d'éventuels organismes vivants.