Ça vous fait une belle jambe !

par Lucie Poinsignon, chargée de communication

Il y a peu, l’équipe technique du musée a constaté la présence de nombreuses moisissures sur toute une série de bottes, guêtres et jambières conservées au Musée lorrain. 17 paires infectées au total !

Aux grands maux les grands remèdes

Conservées jusqu’alors dans un espace dont les conditions étaient inadaptées (notamment un taux d’humidité instable et non conforme), il devenait urgent qu’un spécialiste intervienne et stoppe l’altération. Frédérique Gaujacq, responsable du secteur des collections, en charge en particulier de l’organisation de la restauration d’œuvres, a sollicité Anne-Catherine Goetz, conservatrice-restauratrice des matériaux organiques et objets composites pour agir. L’opération s’est déroulée suivant différents procédés : aspiration puis nettoyage avec pinceau, gomme en latex ou éponge avec un mélange d’eau et d’éthanol, ou encore des bâtonnets ouatés pour les parties moins accessibles. Enfin la conservatrice-restauratrice a placé du papier de soie à l’intérieur afin de maintenir provisoirement leur forme. Des mousses rigides seront ensuite mises en place de manière permanente. L’ensemble sera prochainement transféré dans les réserves communes, répondant à un taux d’humidité aux alentours de 50 %, ôtant tout risque d’assèchement et d’infestation.

Quel intérêt ?

Le Musée lorrain se définit comme « musée d’art et d’histoire », ce qui explique la grande variété de ses collections, regroupant près de 145 000 objets, de toute sorte !

Côté documentation, nous détenons hélas encore peu d’informations sur ces types d’objets. L’ensemble serait d’ordre militaria (terme propre au domaine muséal et aux collectionneurs, concernant tout objet militaire conservé). Ils dateraient du 18e au 20e siècle ; ce qui pourrait s’expliquer par la très forte augmentation de la garnison militaire à Nancy après la guerre de 1870 et jusqu’à l’aube de la Première Guerre mondiale. Mais les provenances restent inconnues ou pas très claires...

Quel est intérêt de ce type d’objets sans histoire, fabriqués par l’homme dans un but essentiellement pratique et aucunement artistique ? Leur valeur documentaire est sans conteste, afin de conserver les techniques d’époque, les habitudes, les coutumes… Quoi qu’il en soit, tout objet rentré dans les collections d’un musée de France obtient un statut inaliénable, ne pouvant être cédé, revendu, détruit… L’un des rôles primordiaux des musées est de conserver dans les meilleures conditions possibles toutes les œuvres qu’il abrite.

 

Étrange découverte...

Au fond du pied droit d’une de ces bottes - qualifiées de « bottes-troupe » dans l’inventaire - Anne-Catherine Goetz a découvert tout un coussin de plumes et de laine… Serait-ce une semelle improvisée avec les moyens du bord ? Pour soulager une verrue plantaire ? Ou un oiseau y aurait-il fait son nid ?  Le mystère persiste…

Des bottes de sept lieues ?!

Nous nous apercevons par la même occasion que certaines bottes du musée seraient magiques, des bottes de sept lieues, portées par le chat botté et le petit poucet ! Non, soyons sérieux, avant d’être dérobées par les contes de fée, il existait bien des bottes de sept lieues, que l’on appelait « bottes de postillon ». Elles ne détenaient hélas aucun pouvoir magique, mais servaient à des facteurs, ou « postillons », à cheval, chargés de livrer message ou objet d’un relais de poste à un autre. Sept lieues représentaient en moyenne la distance à parcourir entre deux relais, soit une trentaine de kilomètres. En cuir rigide, elles étaient souvent fixées sur les flancs du cheval, en vue de protéger les jambes du cavalier en plus de ses chaussures habituelles. De grande taille et très lourdes (environ trois à quatre kilos chacune), l’imaginaire s’en est vite emparé...

Vous êtes expert en vêtements du membre inférieur ? Vous souhaitez partager vos savoirs et enrichir les connaissances du musée ? Écrivez-nous ! nancymusees@nancy.fr